Éditorial | 19/10/2009

L'été indien

La lettre d'information - octobre 2009

Contrairement au thermomètre qui connait habituellement une baisse de température à l’apparition de l’automne, les indices boursiers, quant à eux, poursuivent leur tendance haussière estivale avec, notamment, un plus haut de l’année atteint le 16 octobre par le CAC 40 à 3 907 points.

Les investisseurs semblent envoutés par ce vent chaud du scénario de reprise en V, la crise serait derrière et la croissance devant.
Effectivement, les mesures des Banques Centrales et les plans de relance gouvernementaux ont eu une issue favorable. Les résultats du troisième trimestre publiés à ce jour sont meilleurs qu’attendus grâce à la bonne maîtrise des marges par les chefs d’entreprises. Les enquêtes prospectives auprès des agents économiques (INSEE, ISM PMI…), à nouveau positives, augurent d’un véritable retour de l’expansion économique. Le CAC 40 salue tout cela bien légitimement par un rebond de près de 30% depuis le 10 juillet dernier.

Beaucoup estiment que l’indice phare français pourrait aller tester le seuil des 4 000 points d’ici la fin de l’année, mais regardons attentivement devant nous. La météo est parfois capricieuse et les zones de turbulences toujours présentes. Quel est en effet cet environnement où, concomitamment, la Bourse monte, les taux longs déjà bas continuent de baisser et l’or bat de nouveaux records ? L’abondance de liquidités sur les marchés financiers explique cela mais la météo changera avec le retour à une plus grande orthodoxie des politiques monétaires. D’autres excès à court terme commencent à apparaître à l’image du consensus optimiste des analystes qui anticipe pour 2011 des profits supérieurs de plus de 10% à ceux de 2007. Les banques peuvent-elles durablement renouer avec une rentabilité quasi équivalente à celle qui prévalait avant la crise ? Dirigeants et banquiers centraux ont à réduire la dette des Etats et reprendre les liquidités injectées. Aurons-nous une croissance sans création d’emplois comme cela se dessine actuellement ?

En bourse, notre stratégie de gestion recherchant une performance absolue nous pousse à présent à temporiser. Après avoir bien profité du rebond boursier, nous pensons qu’il est raisonnable de prendre des profits car les valorisations, sans être excessives, ne laissent plus beaucoup de place à des déceptions, aussi bien sur les valeurs de consommation cyclique qui risquent de pâtir d’un consommateur toujours prudent pris entre crainte du chômage et pression fiscale à venir, que sur certaines banques dont le rebond a été spectaculaire. Au sein des financières, on préfèrera les assurances (Axa, Allianz).

De même, les valeurs industrielles de qualité comme Lafarge, Schneider ou Arcelor pourraient offrir une pause. Pour nous prémunir d’un prochain cumulus boursier, nous privilégierons les titres de sociétés à croissance régulière à l’image de Biomérieux, Bureau Véritas, Pernod et Sodexo, auxquelles s’ajoutent France Télécom (secteur qui entame une rationalisation) et Total.

L’automne commence… ne perdons pas de vue le thermomètre des marchés.

Rédigé le 16 octobre 2009