Éditorial | 16/07/2018

 

Des marchés bousculés par les politiques

Conjoncture et marchés

La lettre de GESTION PRIVEE - juillet 2018

Les multiples sujets politiques ont confirmé, jusqu’à ce début juillet, la fébrilité des marchés observée au premier trimestre. C’est en premier lieu le protectionnisme de Donald Trump, en amont des élections de mid-term de novembre, qui s’est intensifié tant à l’égard de la Chine que de l’Europe. Les émergents en ont pâti, touchés aussi par le resserrement des conditions financières américaines. Les déboires politiques européens s’y sont ajoutés avec la montée du populisme en Italie, la sortie prématurée de Mariano Rajoy à la suite d’une motion de censure en Espagne, et enfin la fragilisation de la coalition allemande. Dans un contexte où la phase d’accélération de la croissance économique mondiale semble derrière nous, ce climat anxiogène a fait craindre un scénario de retournement de cycle. La prime de risque du marché s’est ainsi sensiblement accrue. De fait, l’environnement n’a permis ni au marché action ni à l’obligataire de prendre durablement de la hauteur. Le premier a été pénalisé par l’accroissement de la volatilité, et le second a poursuivi son enlisement au gré de la montée des risques.

S’il est envisageable que la guerre commerciale initiée par le président Trump s’apparente à des négociations plus qu’à une réelle volonté d’appliquer un protectionnisme dur, ces agissements sont préjudiciables pour les actifs financiers. Ils entament en effet le climat de confiance, font craindre des dérapages lourds, et une réduction des investissements, de la consommation et donc potentiellement de la croissance. Des premiers signes négatifs sont déjà apparus avec la révision en baisse des perspectives de progression de l’économie allemande comme française, et un affaiblissement des indicateurs manufacturiers dans le monde cependant toujours sur des niveaux élevés. Une reprise rapide des négociations, encore très aléatoires, serait un facteur important de réduction de la prime de risque.

En Europe, si la défiance dans les formations politiques traditionnelles s’est poursuivie, retenons que c’est souvent en situation de crise que des avancées peuvent être obtenues. C’est le cas à ce stade sur les flux migratoires avec les accords annoncés lors du conseil européen, ou encore avec le compromis trouvé par la coalition allemande. En Italie, le gouvernement affiche dorénavant davantage de rigueur budgétaire et une politique économique plus soutenable qu’initialement annoncées..

Du coté des pays émergents, les évolutions relatives à la guerre commerciale seront déterminantes. La croissance chinoise reste sous contrôle des autorités, qui continuent à faire évoluer leur modèle économique vers plus de services et moins de manufacturier.

En toute logique, la politique continuera à avoir un impact déterminant sur les marchés au second semestre. La volatilité restera forte, et imposera de
« naviguer » avec réactivité et agilité au gré de l’évolution de la prime de risque. Dans un tel contexte, nous diminuons l’exposition aux actions, et privilégions les valeurs présentant une grande visibilité.

Rédigé le 12 juillet 2018