Éditorial | 26/08/2008

De la croissance sans inflation à l’inflation sans croissance ?

De la croissance sans inflation à l’inflation sans croissance ?

La crise financière a déjà un an. L’éclatement de la bulle immobilière américaine et l’effondrement de montages financiers plus créatifs les uns que les autres sont aujourd’hui bien identifiés. La crise systémique est évitée, merci la FED, la BCE et la BOE.

Reste maintenant aux banquiers et à leurs malheureux actionnaires à reconstruire les bilans et à revoir leurs modèles économiques.

Un an plus tard, l’économie mondiale ralentit. Les statistiques économiques américaines font état d’une économie atone. L’Europe n’échappe pas au tassement de sa conjoncture ; pour les pays émergents, c’est moins net.

La nouvelle donne, c’est l’inflation. Face au risque réel de spirale prix/salaire, les banques centrales de par le monde ont déclaré la guerre à l’inflation. A cette heure, il s’agit plus de mots que de hausse des taux mais l’intention est claire. La FED s’inquiète d’un dollar faible et d’une inflation anticipée en hausse. Quant à la BCE, elle reconnaitque la moindre croissance n’est pas suffisante pour contenir le dérapage des prix.

En conséquence, les bourses se sont repliées. Sans surprise, à l’approche du rendez-vous de la mi-année avec les sociétés, les analystes ajustent précipitamment leurs anticipations, clairement trop élevées. Un repli des bénéfices est probable dû au pincement des marges. La valorisation du marché commence à l’intégrer ; selon nos estimations, la bourse européenne ne vaut plus que 12 fois les profits.

{{{Comment investir dans un contexte où le ralentissement et l’inflation
menacent ?}}}

Le prix du baril pourrait finir par baisser, sauvant ainsi in extremis banquiers centraux et investisseurs. Il n’est cependant pas raisonnable de compter dessus et plus prudent d’opter pour une politique d’investissement adaptée. Notre hypothèse est que les banques centrales ayant suffisamment de munitions pour la contrer, l’inflation ne dérapera guère au-delà des 4% en Europe. Elle restera toutefois assez élévée pour que la croissance reste affaiblie par la perte du pouvoir d’achat des ménages notamment.

A l’heure où les banques resserrent leurs conditions de crédit, l’immobilier devient moins attrayant et les emprunts d’Etat sont vulnérables aux pressions inflationnistes.

Pour le semestre à venir, notre
stratégie reposera sur la meilleure répartition possible entre actions et
liquidités. Présentes en portefeuille, ces dernières servent aujourd’hui d’amortisseur pour, le moment venu, permettre de saisir les opportunités qui ne manqueront pas d’être offertes lors d’excès de marché.