Éditorial | 20/10/2011

Retrouver la confiance

La lettre d'information - octobre 2011

Les marchés financiers ont été à nouveau victimes d’une onde de choc liée à une véritable prise de conscience des investisseurs du niveau abyssal des dettes des Etats, d’une reprise américaine manquant de souffle et de l’absence de cohésion politique de part et d’autre de l’Atlantique. Les annonces de plans de rigueur pour circonscrire les déficits ont conduit à des révisions en baisse des perspectives de croissance, perturbant ainsi le refinancement des banques et de certains Etats européens.

Le comportement extrême des marchés est actuellement le reflet d'une aversion démesurée au risque liée aux incertitudes politiques (point de départ de la crise actuelle) et économiques (ralentissement du rythme de croissance des économies développées). L’incapacité des dirigeants à prendre des décisions en anticipation, et non sous la menace d’un effondrement du système financier, est incontestablement préjudiciable à la confiance des investisseurs.

Dans cet environnement chahuté, parfois proche de l’irrationnel et sensible aux rumeurs souvent sans fondement, nous avons pris, dès juillet, un certain nombre de mesures conservatoires en réduisant, d’une part, le poids des actions dans les portefeuilles et en privilégiant, d’autre part, les titres à forte visibilité et croissance pérenne aux dépens des valeurs plus cycliques et des financières.
Nous restons cependant présents sur les marchés privilégiant une lente sortie de crise en Europe et un ralentissement marqué des économies, sans pour autant parler de récession.

Si le chemin est étroit, nous ne remettons pas en cause la survie de l’euro contrairement à certains analystes anglo saxons. Un défaut de la Grèce, sans contagion aux autre pays de la zone, est possible sous réserve d’une recapitalisation des banques, si nécessaire, et d’une BCE poursuivant ses mesures pour apporter la liquidité indispensable au système bancaire.

Sur le plan des sociétés, elles sont dans une situation bien plus favorable qu’en 2007 grâce, notamment, aux réductions de coûts opérées depuis 3 ans. Les marges sont élevées, les liquidités significatives et les bilans sains. Les niveaux actuels du marché intègrent déjà une baisse conséquente des résultats en 2012 et, contrairement à l’opinion de certains cassandres exhumant de leurs tiroirs quelques ratios enfouis depuis des décennies, les valorisations des marchés actions sont particulièrement attractives. Des éléments favorables tels que la baisse de l’euro et la chute des matières premières profiteront également aux entreprises européennes.

De même, les obligations d’entreprises offrent à présent des rendements attractifs et certaines émissions proposent des conditions séduisantes par rapport aux Emprunts d’Etat dont la rémunération exceptionnellement faible, qu’il s’agisse du Bund ou du TBond, semble défier la théorie financière.

S’il est difficile aujourd’hui de prévoir la sortie de crise et d’en tirer le bilan, celle-ci a néanmoins le mérite de contribuer à la résolution des excès passés (endettement des agents publics ou privés), de militer pour une nouvelle forme de gouvernance au niveau des pouvoirs publics et de retrouver les conditions d’une croissance saine.
Autant de cautions nécessaires au retour de la confiance.

Rédigé le 14 octobre 2011