Éditorial | 18/10/2012

Une Europe financière plus sereine

La lettre d'information - octobre 2012

Défiant de nombreux stratèges, les marchés d’actifs risqués, notamment les marchés de dettes et d’actions européens, ont connu un rebond conséquent au cours de l’été, bénéficiant d’une réduction de la décote politique.

En effet, les annonces des chefs d’Etat de la fin juin puis les décisions majeures prises par la Banque Centrale Européenne début septembre ont été les catalyseurs de ce mouvement. Si tout n’est pas encore réglé, ces décisions traduisent une détermination commune pour résoudre la crise et éloignent à la fois le risque de dislocation désordonnée de la zone Euro et le risque dit systémique. Aux côtés de l’Europe, des Etats-Unis et du Japon qui pratiquent des politiques monétaires non conventionnelles (achats de dettes et afflux de liquidités), les banques centrales de la planète, du Brésil à l’Australie, sont également engagées dans des politiques d’assouplissement monétaire. Cet alignement des banques centrales fournit à minima un plancher pour les marchés et crée un cadre financier stabilisé, visible, pour la première fois depuis longtemps. Cela nous permet d’être à nouveau constructifs et plus confiants. Le défi de l’Europe est désormais entièrement politique, dans l’attente de signes forts concernant notamment le périmètre et le timing de l’Union bancaire et l’accompagnement de l’Espagne dans sa demande d’aide. Au-delà, c’est le voyage vers la construction d’une Europe plus responsable et plus solidaire !

Les incertitudes restent malgré tout importantes. Les fondamentaux de l’économie mondiale ont poursuivi leur dégradation au cours de l’été. Les perspectives de croissance demeurent extrêmement médiocres en Europe, fort incertaines en Chine et liées à la bonne gestion du « fiscal Cliff » aux Etats-Unis. Pour l’Europe, la croissance restera durablement faible, sous contrainte d’austérité, la France et l’Espagne nous semblant les pays les plus à risque en ce domaine. Néanmoins, une lueur d’espoir apparait dans la possibilité de voir les dirigeants s’accorder sur un lissage de l’austérité et sur des mesures pro-croissance (Allemagne). Outre-Atlantique la conjoncture pourrait surprendre positivement, les élections passées, si un compromis politique limite le coût du choc fiscal et redonne de la visibilité. En Chine, le ralentissement reste modéré et le pays dispose de marges de manœuvres pour soutenir l’activité. Ces dernières devraient être mobilisées en novembre après le changement à la tête du parti et du pays. Nous attendons ainsi des signes de stabilisation de la croissance mondiale au cours du dernier trimestre. Dans le cadre créé par les banques centrales, ces signaux devraient contribuer à entrainer les marchés d’actions européens vers un nouveau sommet annuel, probable illustration d’une Europe financière plus sereine.

Notre stratégie d’investissement visera à renforcer nos positions lors des replis liés aux déceptions qui ne vont pas manquer à l’occasion des publications de résultats des entreprises pour le troisième trimestre. Cette reprise de risque progressive, déjà entamée au cours de l’été, sera donc poursuivie. Notre thématique majeure reste celle des sociétés de croissance à bonne visibilité, mais nous sommes plus positifs sur certaines valeurs financières et sur des entreprises faiblement valorisées dont l’histoire propre (désendettement, restructuration…) permet d’anticiper une revalorisation moins dépendante du cycle économique.

Pour les gestions diversifiées et obligataires, nous restons à l’écart des dettes d’entreprises de maturité longue et de très bonne signature, leur valorisation nous parait en effet excessive. Nous conservons une préférence aux titres de dettes de sociétés de qualité intermédiaire, l’absence de récession durable et de « crédit Crunch » devrait en effet encore faire baisser leurs marges de crédit.

Rédigé le 15 octobre 2012