Éditorial | 23/10/2013

Le retour de l Europe

La lettre d'information - octobre 2013

Le retour de l'Europe

Les marchés actions européens ont affiché une santé éclatante au cours du troisième trimestre, progressant de 8% à 11% selon les indices, surperformant les États-Unis (le S&P 500 stagnant sur la période). L’Europe signe son retour, ne boudons pas notre plaisir !

L’amélioration des fondamentaux macro-économiques que nous anticipions, associée à une série d’indicateurs pointant vers une sortie de récession de la Zone Euro, a contribué significativement au retour de la confiance et des investisseurs. Le rebond marqué des indices de confiance dans les pays les plus durement touchés par la crise (Espagne, Italie) ou encore l’absence d’événement politique véritablement déstabilisant ont accentué ce trait. La réduction de l’aversion au risque a ainsi été significative. Rappelons-nous qu’en 2012 la survie de l’ensemble de l’Union était au cœur des scénarii les plus noirs.

L’attitude toujours très accommodante des Banques Centrales (Europe, États-Unis, Japon) et leur communication présageant d’un prolongement de cette stratégie (Forward Guidance) représente un autre pilier essentiel sur lequel le retour de l’optimisme a pu s’appuyer. Les tensions monétaires et les sorties de capitaux massives subies par certains pays émergents, conséquences des anticipations d’une diminution de la liquidité injectée par la Réserve Fédérale américaine (Tapering), engendrent des doutes sur les niveaux de croissance à venir de ces pays. De fait, les investisseurs sont incités à rééquilibrer géographiquement leurs portefeuilles, ce qui se traduit par le retour de flux internationaux en faveur de l’Europe.

Au regard de la progression significative des marchés d’actifs "risqués" depuis le début de l’année, on peut légitimement s’interroger sur la nécessité de continuer à privilégier les actions et le High Yield européens. Bien que la situation reste complexe, la réponse est « oui » !

Nous nous projetons déjà sur 2014 et estimons, qu’à moyen terme, les actions devraient surperformer les autres classes d’actifs. La reprise de risque vers les entreprises cotées nous semble aujourd’hui paradoxalement le mouvement le plus pertinent en termes de couple rendement/risque. De nombreux sujets structurels non solutionnés nécessitent une vigilance, tels que la probabilité de nouvelles structurations de dette (Portugal et/ou Grèce), les déficits budgétaires, l’assainissement insuffisant du système bancaire européen, la défragmentation persistante des marchés de taux souverains, l’absence de reprise du crédit, le ralentissement de la croissance des émergents, la volatilité des devises, les divergences politiques américaines et la problématique du plafond de la dette... Autant de dangers dont la matérialisation partielle pourrait entraîner de la volatilité, tout repli se transformera alors en bonne opportunité d’achat !

Si la croissance européenne restera très modeste (+0.7% à +1% attendu en 2014), elle s’accompagnera d’une inversion du cycle des profits des entreprises qui redeviendront positifs au plus tard au cours du premier trimestre 2014. La valorisation des marchés européens n’est plus « bradée » mais reste tout à fait raisonnable, le marché devrait donc accompagner à la hausse la tendance des profits.

A plus court terme, il faudra certainement patienter avant de voir ce mouvement s’enclencher et il conviendra de gérer à nouveau les anticipations de la FED à l’approche des fêtes de fin d’année. Dans un environnement complexe mais plus serein, en voie de normalisation, la micro-économie devrait reprendre le dessus avec pour leitmotiv la profitabilité des sociétés. La sélectivité associée à de vraies convictions permettra de trier le bon grain de l’ivraie.

La poursuite du mouvement de rotation sélective, observé au cours du premier semestre, des entreprises les plus exposées aux pays émergents et présentant des niveaux de valorisation élevés se poursuivra en faveur de celles plus cycliques, domestiques et moins chères. Pour les investisseurs plus circonspects, las de la disparition de l’actif sans risque souverain et recherchant des rendements réguliers, des alternatives existent ! Malgré un environnement de hausse des taux, cette période de reprise économique offre des solutions intéressantes à travers les dettes d’entreprises. La perspective d’amélioration des bilans est un facteur clé et nous avons là aussi des convictions.

Rédigé le 18 octobre 2013