Éditorial | 06/02/2009

Le temps des bilans

La lettre d'information - janvier 2009

Les comptes sont dans le rouge. Le Cac 40 termine l’année sous
les 3 200 points, avec un recul supérieur à 40 % et Wall Street s’est replié sur ses niveaux d’avril 1997. Une performance boursière qui se compare à 1931, la plus mauvaise de tous les temps avec 47 % de baisse.

Depuis quelques mois, l’économie réelle entreprend, malgré elle, un régime minceur accéléré. Sans nul doute les entreprises seront fortement affectées en 2009 et la croissance qui s’ensuivra pâtira du désendettement structurel dans la sphère financière. Une diminution de 35 % des profits est déjà dans les cours. Si, sur le plan économique, les deux derniers mois devaient donner le ton, il serait alors raisonnable de tabler sur une baisse des résultats plus marquée de l’ordre de 50 %. Dans cette hypothèse, la Bourse européenne offre aujourd’hui un multiple de capitalisation très raisonnable pour des bénéfices de creux de cycle.

L’émotion des opérateurs financiers a atteint son paroxysme. Tentons, via une approche rationnelle, d’en tirer profit. La liquidation systématique du dernier trimestre offre de vraies opportunités à l’investisseur. L’analyse financière nous servira de guide. Et pour investir dès aujourd’hui, nous retiendrons des critères financiers rigoureux tels que le ratio valeur d’entreprise/capitaux employés couplé au rendement des cash-flows discrétionnaires. Ainsi, sans tabler sur une croissance hors contexte, on aboutit à un panachage de valeurs à la fois cycliques comme ArcelorMittal, Schneider ou Vinci, et présentant actuellement un caractère défensif telles France Telecom, Sanofi ou Vivendi.

Rien ne sert de se précipiter. Pour les mois à venir, la prévision la plus certaine est que le chemin demeurera cahoteux. Les premiers effets positifs attendus des plans de relance des membres du G20 ne seront visibles que début 2009. Toutefois, la mobilisation des dirigeants de ces pays (y compris les plus rétifs à tout dérapage budgétaire) pour éviter que la machine économique ne s’enraye est de bon augure.

Les leçons de la crise de 1929 et plus récemment japonaise ont été retenues. Enfin, les premières nominations des futurs responsables de la nouvelle administration Obama sont également de nature à rassurer les acteurs sur les marchés financiers. Une grande incertitude demeure : l’attitude des banquiers. Sauront-ils redonner la liquidité dont l’économie a tant besoin pour retrouver son essor ?

Dans l’immédiat, notre stratégie empreinte de prudence adoptée lors du premier trimestre 2008 reste de mise. Elle a permis de limiter la
dépréciation du capital par rapport aux indices. L’absence de visibilité
qui prévalait lors de la deuxième partie de l’année nous a conduit à éviter certaines fausses bonnes idées d’achats à bon compte.

Enfin, notre philosophie de gestion consistant à n’investir que dans des produits simples que nous connaissons et maîtrisons a porté ses fruits en évitant les écueils largement relayés par la presse ces dernières
semaines.

Ces principes restent plus que jamais d’actualité en ce début d’année, leur pertinence ne pouvant être remise en cause dans la durée.