Éditorial | 20/07/2015

Entre politique et résultats

Conjoncture et marchés

La lettre de GESTION PRIVEE - juillet 2015

Les frimas habituels du printemps n’ont pas manqué de briser l’élan des marchés actions. Les indices ont marqué le pas à l’instar du Stoxx Europe Large 200 en baisse de 3,3% sur le trimestre. Si la reprise graduelle de l’économie européenne ne s’est pas démentie, des turbulences sont venues assombrir le tableau.

Ayant pratiquement atteint zéro, les taux longs européens ont connu un violent rebond. Les investisseurs se sont focalisés un peu vite sur l’importance des achats de la BCE, oubliant qu’ils se limitent à 6% du stock de dette souveraine en euro. Le succès de la stratégie de reflation de M. Draghi – matérialisé par un retour en territoire positif de l’indice des prix en mai – a entraîné des ventes de titres surévalués. Cette tendance devrait se poursuivre vu l’écart subsistant entre les rendements à 10 ans et la croissance nominale du PIB mais à un rythme contrôlé par la BCE soucieuse de préserver la reprise du Vieux Continent.

Le énième acte du vaudeville grec est également venu hanter l’esprit des investisseurs. Un accord à l’arraché maintient la Grèce dans la zone euro sans qu’un nouveau rebondissement ne soit exclu. Les faiblesses de la gouvernance européenne ont une nouvelle fois sauté aux yeux et nécessitent des réformes. Reste que les marchés seront soulagés si le sujet hellène peut provisoirement être mis de côté. Ils ne devront pas perdre de vue les élections espagnoles de décembre où Podemos tentera de capitaliser sur ses récents succès. Or, l’Espagne est un des piliers de la zone euro et la forte croissance attendue – plus de 3% ! – en fait un modèle de réussite de la stratégie de l’offre.

L’activité s’affermit outre-Atlantique après un trimestre poussif. Convaincu de la pérennité des prix actuels du pétrole, le consommateur profite de créations d’emplois régulières, d’un salaire réel positif et d’un fort désendettement. L’investissement est un peu à la traîne, mais un rattrapage est probable. La faiblesse de l’inflation et la médiocrité du début d’année ont conduit la Fed à décaler ses hausses de taux à l’automne avec une visibilité désormais forte.

Nous abordons avec confiance les résultats semestriels à venir. Les indicateurs économiques en zone euro sont orientés à la hausse à l’image de l'indice des directeurs d’achats au plus haut depuis 2011. Les dirigeants ont démarré l’année avec prudence, échaudés par les déceptions des années précédentes. Ils n’ont pas pris en compte le plein impact des taux de changes dans leurs prévisions. Un certain nombre d’entre elles seront donc relevées même s’il faudra être vigilants sur les sociétés les plus exposées aux émergents.

Les actions restent à privilégier pour profiter de la reprise européenne qui se transmet aux entreprises. L’amorce de remontée des taux rend les obligations peu attractives en dehors de signatures bien identifiées. Les questions politiques et financières constitueront une nouvelle fois la principale menace alors que l’environnement économique se normalise peu à peu.

Rédigé le 17 juillet 2015