Éditorial | 27/04/2010

Disparition des séquelles de la crise ?

La lettre d'information - avril 2010

A première vue, les indices boursiers ont retrouvé « la forme » avec dix semaines de hausse quasi ininterrompue. Mieux qu’une convalescence, une nouvelle santé que chacun qualifiera et appréciera à sa juste valeur : regain de forme, vitalité des beaux jours…

Depuis maintenant plusieurs trimestres, les économies sont sur le chemin de la croissance avec une Chine hyperactive dont l’activité progresse de 11,9% au premier trimestre 2010, des Etats-Unis qui ne « toussent » plus et une Europe qui aspire à retrouver son pouls d’avant crise. L’inflation apparaissant, du moins pour l’instant, comme contenue, les taux d’intérêt pourraient ainsi rester bas. La Grèce ne serait qu’un problème de surendettement circonscrit.

Les économistes semblent s’accorder sur un scénario de croissance modérée sachant qu’on observe dès à présent des différences profondes selon les zones géographiques. Les pessimistes qui anticipaient l’hémiplégie ont disparu, tandis que ceux qui prévoyaient une forte reprise sont devenus plus réalistes. Les enquêtes auprès des chefs d’entreprise reflètent également un net retour de la confiance. Le scénario idéal de la croissance durable non inflationniste ? Un monde économique merveilleux, « presque » guéri et ne nécessitant plus d’antidote !

Quant aux professionnels des marchés, ils font état d’investissements importants sur les actions, favorisés par un couple rendement/risque devenu peu attractif pour les produits de trésorerie. L’analyse des premières publications trimestrielles les conforte également dans leur sentiment d’une « meilleure santé » des entreprises de part et d’autre de l’Atlantique, conformes aux attentes de progression des profits attendue respectivement de 27% aux Etats Unis et de 35% en Europe, hors financières. Ces chiffres très rassurants corroborent la reprise du secteur manufacturier.

Pour une plus grande fiabilité du diagnostic, passons au scanner la situation et observons : la reprise ne semble pas classique au regard de plusieurs éléments. Le risque pays est une réalité avec des Etats qui sont susceptibles de faire défaut, sans parler du risque social. Les perfusions des plans de relance ne sont pas durables, les créations d’emplois demeurent faibles, la future réglementation financière pour les banques serait très contraignante, y compris pour le financement des entreprises...

Ainsi, si l’enthousiasme boursier est appréciable, il ne doit pas conduire à l’autisme et à l’inactivité. Les bonnes nouvelles décrites confortent la plupart des anticipations de ces derniers mois, d’où des prises de bénéfices à réaliser, notamment chez certaines cycliques (comme les chimiques). Dans l’attente d’un repli propice pour reprendre son souffle et de nouvelles positions, à ce stade du cycle, nous concentrons notre intérêt sur les sociétés créatrices de valeur, dites de croissance régulière et, plus particulièrement, celles susceptibles de bénéficier du renouveau de dépenses discrétionnaires des entreprises aux marges retrouvées. Les secteurs qui tireront durablement profit des évolutions en cours se situent par exemple dans les médias, le travail temporaire ou la restauration collective.

 

Rédigé le 22 avril 2010