Éditorial | 18/07/2013

Un monde en transition

La lettre d'information - juillet 2013

Un monde en transition

La perspective d’un prochain terme au « dopage monétaire » généralisé a ébranlé les marchés fin juin après une hausse que nous jugions un peu rapide. Par ailleurs, le consensus d’une croissance mondiale tirée par les pays émergents a fait long feu, alors que les prémices d’une reprise en Europe se font jour.

Les marchés qui jusqu'alors avaient connu un parcours remarquable ont souffert d'une inflexion du discours de la FED prévenant qu'elle réduira ses achats d'actifs d'ici la fin de l'année. En conséquence, sur les marchés de taux, le 10 ans américain a progressé de 100 points de base depuis ses plus bas annuels à 2,60%, entraînant à la hausse les taux des pays européens dits « cœurs » et les « périphériques ». Les investisseurs doivent à présent accepter qu’une accélération de la croissance conjuguée à un assainissement budgétaire ait pour corolaire la hausse des taux. Elle constitue même une formidable nouvelle alors que leur faiblesse récurrente faisait craindre la déflation il n’y a pas si longtemps !

Malgré tout, cette tendance va accroître la volatilité dans les mois qui viennent, le temps que les intervenants intègrent ces évolutions après avoir pensé, ces dernières années, que les stratégies de monétisation de la dette constituaient l’alpha et l’oméga de la politique économique. Il est donc temps d’investir sur les marchés actions pour de bonnes raisons, à savoir une croissance qui va se raffermir dans un environnement financier plus stable qu’au cours des 10 dernières années plutôt que par défaut, appuyé sur la béquille monétaire.

Nous sommes donc raisonnablement sereins sur le sujet d’autant que les indicateurs économiques restent bons aux Etats-Unis. En Europe, ils montrent une inflexion positive (directeurs d’achats, confiance italienne…) grâce à une modération de l’austérité couplée à des progrès en matière de compétitivité. Seul bémol : certaines réformes structurelles, à l’instar du mécanisme de résolution des crises bancaires, devront attendre l’après élections allemandes, Angela Merkel étant en effet soucieuse de ne pas apparaître trop conciliante aux yeux de son électorat. De plus, sur le plan social, des turbulences restent à craindre dans la mesure où les opinions publiques sont focalisées sur le chômage, indicateur retardé du cycle économique.

Paradoxalement, les nouvelles récentes les plus négatives sont venues des pays émergents, au premier rang la Chine assise sur une bulle d’investissements financés par un système opaque. Si les dirigeants en ont conscience et ne manquent pas de moyens pour traiter ces problèmes dans un pays dirigiste, cette situation constitue notre point de vigilance majeur. Le manque de compétitivité du Brésil et l’inflation qui en résulte posent également question.

Ces évolutions militent pour une allocation d’actifs favorisant les actions et à une prudence réitérée sur les actifs sensibles aux taux longs : obligations de maturité supérieure à 3 ans (hors stratégie de portage) ou immobilier. Nous commençons à nous départir d’une gestion actions à forte dominante de valeurs de croissance que nous apprécions particulièrement sur le long terme mais qui sont sensibles à la hausse des taux et souvent surexposées au monde émergent. Nous ajoutons une part de sociétés cycliques décotées, bénéficiant de meilleures perspectives dans les pays développés et davantage exposées aux USA.

Au-delà des hauts et des bas que pourraient connaître des marchés en phase de transition jusqu’à la rentrée, nous maintenons une vision positive pour les actions à l’horizon de la fin d’année. Nous misons en effet sur un assainissement réel aux Etats-Unis et un raffermissement plus concret de l’économie au sein d’une zone euro qui progresse dans son architecture.

Rédigé le 8 juillet 2013