Éditorial | 21/10/2015

Un voyage itinérant

Conjoncture et marchés

La lettre de GESTION PRIVEE - octobre 2015

Après une résolution de la crise grecque, le troisième trimestre nous a donné l’occasion de détourner notre attention de la vieille Europe pour la diriger en Chine et plus globalement vers les pays émergents, nouveaux points d’inquiétude des marchés.

La faiblesse de la croissance et les problèmes structurels de nombreux pays émergents se sont violemment rappelés à nos mémoires ! Les marchés en ont subitement fait leur point de circonspection contribuant à miner le moral des investisseurs du monde entier et en particulier de ceux présents sur les marchés d’actifs risqués. Les actions européennes ont ainsi décroché de près 10% à fin septembre, effaçant leurs gains annuels (indice Euro Stoxx 50), tout comme les indices américains. De même, le baril de pétrole a nettement décroché (-25%), entraînant dans son sillage les principales matières premières, et les devises et indices boursiers des pays émergents à l’économie nettement dégradée comme le soulignait récemment le FMI. Ce mouvement a été marqué par une volatilité exacerbée qui semble signer là son grand retour.

En cette deuxième quinzaine d’octobre que peut-on anticiper d’ici la fin de l’année ? Le manque de direction est manifeste et les convictions sont mises à mal. Les nombreuses incertitudes sont géographiquement variées. La deuxième économie mondiale vient d’officialiser son ralentissement avec une croissance de 6,9% au 3ème trimestre, illustrant notamment la forte contraction de sa production industrielle et la spectaculaire dégradation de son commerce extérieur (recul de 3,7% des exportations et de 20% des importations en septembre). La migration d’une partie du modèle industriel chinois vers les secteurs des services, de la technologie et plus globalement en faveur de la consommation intérieure se fait manifestement dans la douleur. L’annonce du prochain plan quinquennal fin octobre sera scrutée de près. De l’autre côté de l’Atlantique, en dépit d’une croissance américaine en progression de 3,9% en rythme annuel, la hausse des taux a une nouvelle fois été esquivée en septembre mais jusqu’à quand ? La Fed est prise dans l’étau entre son dynamisme retrouvé avec un marché du travail de « plein emploi » et un dollar déjà fort impactant l’industrie manufacturière, sans parler des éventuelles répercussions d’une hausse de ses taux directeurs sur les économies fragilisées des pays émergents.

Force est de constater qu’à ce stade la progression des marchés est altérée dans l’attente d’éléments concrets de stabilisation tant au niveau du prix des matières premières que des devises des pays émergents. Une consolidation de l’économie chinoise et sa moindre contagion aux grands pays développés seraient également souhaitables. Autant d’éléments probables, mais à ce jour intangibles, qui nécessitent une vigilance renforcée, couplée à une analyse de tous les instants notamment en cette période de publication de résultats des entreprises.

Dans ce contexte nous privilégions les thématiques domestiques, celles de consommation, et l’Europe (le sud affirmant de plus en plus son dynamisme). Cette stratégie, épaulée par des liquidités renforcées et une maîtrise des risques accrus, a contribué à la bonne résilience de notre gestion. Nous sommes à l’affût d’opportunités, prêts à changer « l’itinéraire » de nos investissements à tout moment.

Rédigé le 19 octobre 2015