Éditorial | 17/10/2022

Le retour du rendement obligataire

Cogefi Gestion

La lettre de Gestion Privée - octobre 2022

L’inflation en zone euro portée à 10% en septembre, et la nouvelle progression de sa variante core (hors énergie et alimentation) aux États-Unis, ont fait réaliser que la hausse des prix n’était pas que transitoire, liée au Covid et à l’Ukraine. De nouveaux facteurs plus durables se sont en effet activés. Ainsi l’inflation salariale s’installe, en raison notamment d’une moindre disponibilité de la main d’oeuvre des émergents. Aux États-Unis, les loyers se tendent et les prix à la consommation restent élevés, portés par une consommation toujours robuste avec un taux de chômage de seulement 3,5%, et un faible endettement des ménages. En Europe, la crise énergétique est partie pour durer, il est peu probable que les anciennes sources d’approvisionnements ré-ouvrent, et les solutions alternatives tardent à émerger. Quant à l’OPEP, sa diminution de production de 2 millions de barils/jour n’améliore pas la situation. Ainsi, la lutte contre l’inflation est dorénavant le mot d’ordre des banquiers centraux, se traduisant par des remontées de taux historiquement rapides, et d’autres encore à venir. De 0,25% en début d’année, le principal taux directeur de la FED est actuellement à 3,25%, et pourrait atteindre 4,5% en fin d’année, soit un séquencement inégalé depuis un demi-siècle ! En Europe, la BCE a suivi en remontant son taux directeur de 0% à 1,25% au cours du 3ème trimestre, une manière également de stopper la dépréciation de l’euro tombé à 0,95 face au dollar. Ainsi, les taux souverains ont pris la même direction, le 10 ans américain culminant à 4% courant septembre et le 10 ans allemand, encore négatif en début d’année, passant à 2,2%.

Avec ces tensions inflationnistes et le renchérissement des coûts de financement, les risques de récession augmentent. L’OCDE table davantage sur un ralentissement de la croissance mondiale qui passerait de 3% en 2022 à 2,2% en 2023. Les avertissements sur résultats des sociétés se sont récemment multipliés, dans l’industrie (Rheinmetall, Kion), les services (Fedex) mais aussi dans la consommation (Walmart, Tesco, Nike, Samsung, Electrolux). Le secteur automobile a multiplié les messages de prudence toujours liés aux manques d’approvisionnement.

Dans ce contexte, notre stratégie a consisté à remonter le niveau des liquidités lorsque l’opportunité se présentait. Nous avons continué à privilégier les valeurs de leaders offrant un fort pricing power et permettant de préserver les marges, et les secteurs moins exposés à la réduction du pouvoir d’achat, comme le luxe. Les services informatiques semblent encore épargnés, les besoins d’investissement restant importants. Nous avons également recherché l’exposition au dollar, l’économie américaine étant encore robuste. Enfin, le mouvement sur les taux offre de nouvelles opportunités d’investissement sur l’obligataire, qui nous semble judicieux de mettre à profit.

 

Rédigé le 12 octobre 2022