Éditorial | 15/04/2019

Une normalisation salutaire

Conjoncture et marchés

La lettre de GESTION PRIVEE - avril 2019

Après les excès baissiers de 2018, le 1er trimestre 2019 s’est avéré très bénéfique aux marchés, toutes les classes d’actifs affichant de solides performances. Le changement radical d’attitude des banquiers centraux de part et d’autre de l’Atlantique et la normalisation des risques géopolitiques sont à l’origine de ce retournement, et cela en dépit du ralentissement de la croissance mondiale.

Alors que les marchés avaient été affectés en 2018 par le durcissement des conditions monétaires, les banques centrales ont modifié drastiquement leur stratégie pour 2019. La Réserve fédérale a renoncé aux deux hausses de taux prévues cette année et la BCE ne prévoit plus aucun relèvement dans un avenir proche. Elle a même annoncé début mars une nouvelle campagne de prêts géants aux banques (TLTRO 3). La problématique de réduction de liquidités rencontrée l’année dernière s’éloigne ainsi.

Les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine ont montré des progrès très significatifs tout au long du premier trimestre, permettant le report de la date butoir du 1er mars pour l’application de nouvelles taxes à l’importation sur les produits chinois. La signature prochaine d’un accord commercial semble dorénavant imminente, rétablissant ainsi un certain climat de confiance.

Les incertitudes relatives au Brexit demeurent réelles mais les dernières discussions et le report de sortie accordé montrent que tant le parlement britannique que l’UE souhaitent éviter à tous prix une sortie sans accord. Un consensus devrait pouvoir encore être trouvé.

Dans ce contexte de diminution de l’aversion au risque, les fondamentaux économiques ont cependant continué à se détériorer. Le FMI a réduit sa prévision de croissance mondiale à 3,3% pour l’année. Celle de l'Europe a également été revue à la baisse. L’Allemagne a notamment particulièrement souffert de la réduction de ses exportations liées principalement aux difficultés du secteur automobile, en raison de l’introduction de nouvelles normes d’émission, et des tensions commerciales mondiales. Dans cet environnement, les prévisions de croissance des résultats des entreprises européennes ont également été abaissées pour 2019, recalant ainsi les attentes à un niveau plus raisonnable que celui de début d’année (+5% contre +8% début 2019).

Doit-on attendre une poursuite de la détérioration des fondamentaux ? Nous ne le pensons pas. Les mesures politiques de relance de la consommation mises en place en Europe, notamment en France et en Allemagne, devraient commencer à porter leurs fruits. En Chine, le support fiscal est important et soutient la croissance. Si l’accalmie politique se poursuit, un potentiel accord commercial sino-américain pourrait entraîner une relance des échanges mondiaux dès le second semestre.

Dans ce contexte, bien que la prudence reste de mise, nous gardons une attitude constructive sur les marchés. Nous privilégions la stratégie mise en place dès ce début d’année, consistant à surpondérer les belles valeurs de croissance, offrant une bonne visibilité sur leurs résultats futurs et peu endettées.

Rédigé le 12 avril 2019