Éditorial | 18/04/2016

une volatilité exacerbée, créatrice d'opportunités

Conjoncture et marchés

La lettre de GESTION PRIVEE - avril 2016

La forte volatilité a largement dominé le marché au 1er trimestre 2016 sur toutes les classes d’actifs. Nous avions dès le début d’année identifié quatre facteurs susceptibles d’alimenter des craintes en 2016 : les doutes sur la croissance chinoise, la baisse des prix du pétrole et ses conséquences sur certains pays émergents et leurs monnaies, les changements de politiques monétaires des banques centrales et les risques politiques en Europe (Brexit ou l’absence de gouvernement en Espagne...). Dans un contexte de doutes sur la vitalité de la croissance mondiale, 2016 a donc eu un démarrage très périlleux.

 La dévaluation de la monnaie chinoise a été le premier catalyseur de la baisse. En démarrant l’année
par une nouvelle dévaluation de sa monnaie, la Chine a relancé les craintes sur sa croissance et ses capacités à faire évoluer son modèle économique. Cependant, la volonté récemment affichée du gouvernement de continuer à financer sa croissance par du déficit a éloigné pour un temps les craintes. Les efforts porteront essentiellement sur des plans sociaux et des réductions de surcapacités.

La chute des prix du pétrole a été l’autre facteur majeur de déstabilisation. Le retour de l’Iran sur la scène mondiale, dans un contexte où l’Arabie Saoudite a continué à défendre ses parts de marché face à l’émergence du pétrole non conventionnel américain, a fait craindre l’accentuation du déséquilibre pétrolier offre/demande, faisant ainsi tomber le baril sous les 30 $. La situation financière de certains producteurs américains s’est alors détériorée entraînant des faillites, et ainsi de fortes tensions sur le marché du high yield américain, contaminant du même coup le marché obligataire européen. Les monnaies des pays exposés au secteur pétrolier s’en sont également trouvées largement dépréciées. Dans ce contexte, l’ensemble du secteur bancaire a logiquement été affecté. Il a fallu l’annonce en février d’un projet de réunion des membres de l’OPEP avec certains producteurs non-OPEP, en vue de décider d’un gel de production pour que l’ensemble de ces actifs retrouve une certaine sérénité. Les coupes d’investissement aux États-Unis ont également permis des anticipations de baisse de production. Ainsi, le prix du baril de pétrole a rebondi de 60% sur ses plus bas, facilitant la réévaluation des monnaies émergentes des pays exposés.

Le resserrement de politique monétaire de la FED reste l’autre enjeu de l’année. Jusqu’ici, Janet Yellen a réussi à convaincre que ce mouvement se ferait de manière progressive, en prenant en compte la santé fragile de l’économie mondiale. La baisse de 5% du dollar au 1er trimestre reflète cette conviction. Cependant, au vu de nos anticipations de remontée d’inflation au second semestre 2016 aux États-Unis et de l’amélioration de l’emploi, la remontée des taux pourrait être plus rapide qu’anticipée aujourd’hui, provoquant de nouvelles secousses de marché.

Nous restons donc convaincus que la volatilité perdurera cette année, ce qui nous amène à garder une certaine prudence dans nos investissements, surtout au vu des niveaux actuels de valorisation. Cependant cette volatilité offre des opportunités. Le stock picking restera la clef de la performance. L’accalmie constatée du côté des émergents, nous incite à sélectionner dorénavant des titres exposés à ces zones géographiques, aux côtés des thématiques domestiques Europe choisies en début d’année qui ont jusqu’ici bien résisté aux turbulences.

Rédigé le 15 avril 2016