Éditorial | 15/07/2016

Brexit, source d'interrogations et d'opportunités

Conjoncture et marchés

La lettre de GESTION PRIVEE - juillet 2016

Après un premier trimestre troublé par des doutes sur la croissance chinoise, l’effondrement des prix du pétrole et ses conséquences sur le marché obligataire et les émergents, un certain calme était revenu sur toutes les classes d’actifs jusqu’au référendum anglais. Le choc du Brexit, et les incertitudes tant politiques qu’économiques qui en découlent, sont venus rompre cette accalmie et la dynamique positive qui s’était enclenchée. La prime de risque s’est dès lors logiquement accrue et avec elle la volatilité.

Le contexte économique mondial s’était pourtant globalement apprécié au cours du trimestre. Le prix du baril de pétrole a poursuivi son rebond pour atteindre 50 $ et, dans ce sillage, les monnaies émergentes ont continué leur réappréciation. Les obligations corporate ont bénéficié du programme d’achats de la BCE. Les fondamentaux économiques américains ont, dans l’ensemble, réaccéléré et des signes de reprise se sont multipliés du côté européen. Le contexte économique mondial pouvait alors apparaître suffisamment solide pour que, hors Brexit, les anticipations de hausses de taux aux États-Unis augmentent pour 2016. Une telle décision de la part de la Banque centrale américaine à court terme aurait éloigné les anticipations déflationnistes, redonné de la confiance dans la croissance mondiale, et aurait probablement relancé une tendance positive sur les marchés actions.

Au-delà de l’émotion suscitée par la victoire du Brexit et manifestement digérée depuis, la dynamique observée est donc momentanément mise entre parenthèses. La Banque centrale américaine n’a plus la visibilité nécessaire pour remonter ses taux à très court terme. La croissance anglaise sera probablement impactée par un certain attentisme sur les investissements et la consommation avec, en principe, un impact limité au niveau de l’Union européenne. Les conséquences sur l’immobilier et le système bancaire britannique sont également à surveiller. Enfin, le manque de visibilité sur la trajectoire de l’Union européenne engendrera nécessairement de la défiance de la part des investisseurs internationaux pour les actifs européens. La décote constatée sur le marché actions européen acte ces préoccupations.

Dans ce contexte, nous sommes convaincus que la volatilité perdurera au cours de la deuxième partie de l’année, ce qui nous amène à garder une certaine prudence dans nos investissements. L’exposition aux actions sera ajustée à la baisse comme à la hausse autant que de besoin. L’environnement de taux restera bas pendant très longtemps, ce qui nous permet de privilégier des valeurs qui en bénéficient. Par ailleurs, la faiblesse de l’euro face au dollar devrait se poursuivre ce qui portera les valeurs exportatrices ou encore bien implantées aux États-Unis. Nous conservons donc une approche très stock-picking en privilégiant les valeurs qui offrent une grande visibilité sur leurs résultats et la solidité de leur croissance. Au-delà des interrogations liées au Brexit, cet événement pourrait se révéler être également une source d’opportunités pour des investissements sélectifs.

Rédigé le 13 juillet 2016