Éditorial | 17/10/2016

Des fondamentaux rassurants dans un climat politique incertain

Conjoncture et marchés

La lettre de GESTION PRIVEE - octobre 2016

En dépit du Brexit, les marchés se sont bien comportés jusqu’à ce début d’automne. La nomination rapide de Theresa May et les mesures mises en œuvre par la Banque d’Angleterre ont rassuré. La chute de la livre sterling a soutenu les exportations. Ainsi, l’économie britannique n’a pour l’instant que faiblement été affectée par cet événement. L’impact a été encore plus limité en Europe, une légère accélération a même été constatée durant l’été. La consommation et l’inflation ont progressé modestement, suggérant que la politique monétaire de la BCE commence à porter ses fruits. Les publications de résultats des sociétés européennes au premier semestre ont été un autre facteur de soutien. Une majorité d’entre elles a publié des résultats supérieurs aux attentes, facilitant une légère inflexion positive des prévisions de bénéfices par action. Enfin, les banques centrales ont gardé une attitude très accommodante. Malgré plusieurs interventions en faveur d’un relèvement de ses taux dès septembre, la Federal Reserve a préféré les garder inchangés dans l‘attente de nouvelles preuves de progrès de l’économie américaine tant du côté de l’emploi que de l’inflation. La BCE a elle aussi affiché un statu quo. Les fondamentaux économiques sont donc rassurants et les prochaines publications de résultats devraient une nouvelle fois confirmer ce sentiment.

À ce stade, nous identifions cependant deux éléments qui pourraient créer de la volatilité d’ici la  fin de l’année. Le premier concerne les événements politiques à venir. Les élections présidentielles américaines en novembre sont source d’incertitude, d’autant que la candidature de Donald Trump est perçue comme un risque. Le référendum italien début décembre, visant à réduire le pouvoir du Sénat afin de faciliter la mise en œuvre des réformes, sera un élément important pour le pays comme pour l’Europe. Si le non l’emporte, le calendrier des réformes sera retardé et les craintes de montée en puissance des mouvements populistes réapparaîtront dans l’ensemble de la zone. La mise en œuvre du Brexit sera un autre sujet d’autant que l’activation de l’article 50 est dorénavant prévue au plus tard fin mars 2017.

L’attitude des banques centrales de part et d’autre de l’Atlantique sera la seconde clé de lecture d’ici la fin de l’année. La Federal Reserve devrait resserrer sa politique monétaire en décembre prochain si les signaux d’embellie sur la croissance se confirment. La BCE a également laissé entendre qu’elle réfléchissait à réduire son programme de rachat d’actifs, alors que le consensus tablait plutôt sur un prolongement du QE. Le récent rebond du pétrole lié aux négociations réussies en faveur d’une baisse de production entre les pays de l’OPEP n’est peut-être pas sans lien avec ce changement d’attitude. En effet, au-dessus de 50 $/baril, le pétrole sera un soutien à l’inflation, permettant ainsi aux banques centrales d’opter pour une politique monétaire plus agressive.

Dans cette situation de vigilance, une stratégie d’investissement équilibrée reste favorisée. Même si les taux restent bas, une légère repentification de la courbe justifierait un retour sur quelques valeurs cycliques. Le stock-picking de valeurs offrant une grande visibilité sur la croissance de leurs résultats sera néanmoins toujours privilégié.

 

Rédigé le 10 octobre 2016