Éditorial | 16/10/2018

 

Des divergences qui s'accentuent

Conjoncture et marchés

La lettre de GESTION PRIVEE - octobre 2018

Les problématiques politiques ont de nouveau rythmé les marchés au troisième trimestre, engendrant une forte volatilité sur toutes les classes d’actifs financiers. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s’est intensifiée avec l'entrée en vigueur de taxes de 10% sur 200 Mds$ de produits chinois importés, qui passeraient à 25% en janvier 2019 en cas de réplique ! En Europe, les interrogations persistantes sur la politique budgétaire italienne, tout comme l'absence d'accord sur le Brexit, préoccupent les investisseurs. Une nouvelle fois, l’Europe montre les difficultés et les limites de son fonctionnement.

Sur le plan économique, malgré une croissance mondiale toujours très soutenue dans l'ensemble, les dynamiques de croissance entre les zones géographiques se sont écartées. L’économie américaine dopée par la réforme fiscale a en effet continué d'accélérer, amenant la Federal Reserve à relever ses prévisions de croissance pour 2018 de 2,8% à 3,1%. Avec une telle robustesse économique et un taux de chômage au plus bas, les taux souverains ont repris le chemin de la hausse pour dépasser le niveau des 3%. Alors que l’inflation salariale progresse, la Fed semble en mesure de poursuivre le durcissement de sa politique monétaire pour éviter un phénomène de « surchauffe ».

L’Europe, à l'inverse, montre des premiers signes de décélération, principalement au niveau manufacturier. Le ralentissement des échanges commerciaux hors zone euro dans un contexte de montée du protectionnisme, commence à peser. Ainsi, les derniers indicateurs PMI de septembre ont enregistré leur plus faible performance depuis 2 ans.

Quant aux émergents, leur dette libellée majoritairement en dollar constitue un risque dans un contexte de renforcement de la devise américaine, illustré par une chute de certaines monnaies (livre turque, roupie indonésienne...). La croissance est encore soutenue mais, là aussi, les derniers indicateurs manufacturiers chinois montrent des signes de fléchissement et le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance sur la zone.

Ainsi, la forte accélération de l’économie américaine accentuée durant le trimestre n’a pas réussi à entraîner le reste du monde dans ce contexte politique incertain. Les marchés s'interrogent à présent sur le risque encouru par la croissance mondiale en cas de durcissement plus rapide que prévu de la politique monétaire américaine.

Pour traverser cette période d’accentuation des divergences sur le plan monétaire, économique et politique et de défiance sur les marchés, l’augmentation de la poche de liquidités et une sélection de valeurs présentant une bonne visibilité et le meilleur couple rendement/risque sont à privilégier. Les prochaines échéances politiques (élections américaines de mi-mandat, vote du budget italien, négociations sur le Brexit, accord commercial chinois…) peuvent encore modifier l’orientation des marchés d’ici la fin de l’année. Dans un tel scénario, un rebond de marché ne serait pas à exclure avec un rattrapage envisageable de certains excès récemment observés.

Rédigé le 12 octobre 2018