Éditorial | 21/10/2010

Garder le cap

La lettre d'information - octobre 2010

Le troisième trimestre a astreint l’investisseur à naviguer en eaux troubles et à ne pas lâcher la barre, ne serait-ce que temporairement, pour arriver à bon port. Si cette situation n’est hélas pas nouvelle, il a dû manœuvrer sans visibilité au cours de nombreux mois entre crise bancaire et plan de sauvetage, relances budgétaires et surendettement des Etats, ainsi que parmi les hauts et les bas des devises et matières premières.

Au cours de l’été, le tangage s’est accentué avec nombre d’économistes qui ont revu leurs anticipations macro-économiques, passant en moins d’un mois du risque d’inflation à celui de déflation. Dans l’intervalle, les taux longs se sont détendus très fortement, à l’image du 10 ans français qui a chuté de 3% à 2,5%, un record historique ! Toute logique ayant disparue, la brume devenue impénétrable pouvait logiquement décourager l’épargnant de son objectif de valorisation à long terme de son patrimoine.

En cette absence de point cardinal, l’investisseur au patrimoine immobilier bien valorisé devrait, en toute rationalité, diversifier ses avoirs pour garder le cap de la richesse. C’est donc vers les actions qu’il serait avisé de se diriger sachant que la prime de risque est à nouveau très attractive en comparaison de taux monétaires proches de zéro et de rendements d’assurance-vie s’orientant inexorablement vers une baisse. C’est, en effet, lors de ces périodes de doutes que se constituent les gisements de plus-values qui émergeront dans un futur plus ou moins proche.

Si la croissance demeure molle en occident et vigoureuse dans les émergents (désormais appelés nouveaux pays), il est opportun de croiser en bourse vers l’investissement des entreprises. Ces dernières profitent en effet de la baisse des taux et de financements plus accessibles. Certaines renouent avec les opérations de croissance externe au travers de l’acquisition de concurrents ou d’activités complémentaires. Les entreprises cotées assainies, redevenues génératrices de cash-flows discrétionnaires, sont ainsi créatrices de valeur. Bien que les profits des sociétés européennes vont croître de 40% en 2010 pour un chiffre d’affaires en progression de 8%, le marché n’en a que faire et reste en baisse ! Le multiple de capitalisation de l’indice Stoxx Europe 600 n’est plus que de 12.5 fois les profits alors que les taux flirtent avec leurs plus bas historiques. Puisque les banques sont trop occupées à restaurer leurs fonds propres, les sociétés de services publics à la merci de ponctions croissantes des Etats et les pharmaceutiques en quête désespérée de nouveaux produits, il semble urgent de se focaliser sur des sociétés industrielles bien affutées, leaders de leur secteur, prêtes à saisir, ici ou là, des opportunités issues de la croissance soutenue des investissements des pays émergents. Enfin, n’oublions pas que les dividendes d’entreprise sont à présent plus sécurisants que les emprunts d’Etat.

Dans ce brouillard économique, une allocation d’actifs adéquate permettra de garder le cap en se prémunissant d’un éventuel tourbillon sur les changes ou du récif des dettes souveraines. Ainsi, la combinaison de titres de qualité à croissance visible, d’obligations d’entreprise à maturité courte ou moyenne et de fonds décorrélés de type long/short equity devraient conduire à une performance satisfaisante, agrémentée d’une volatilité contenue.

Rédigé le 18 octobre 2010